mercredi 10 janvier 2018

[CHRONIQUE] INSEPARABLES - Sarah Crossan

"Les gens ne comprennent pas notre synchronisation, la connexion muette entre nous deux."



Auteur.rice : Sarah Crossan
Traducteur.rice : Clémentine Beauvais*
Editions : Rageot
Genre : Jeunesse contemporaine
Année de sortie : 2017
Nombre de pages : 407





4EME DE COUVERTURE


"Grace et Tippi. Tippi et Grace.
Deux soeurs siamoises, deux ados inséparables, entrent au lycée pour la première fois...

Elle me dit : 'On peut aller au lycée,

et avoir un boulot, et conduire une voiture et nager et partir en rando.
Tu sais que je te suivrai
n'importe où, Gracie.
Tout ce que tu veux,
dis-le-moi,
et on le fera.
On peut tout faire,
OK ?'

Je lui réponds : 'OK.'


'Mais ce qu'on ne pourra jamais,

            jamais faire,
            c'est tomber amoureuses.
C'est clair ?'"


MON AVIS

Ça fait un moment que je l’ai lu maintenant, enfin quelques mois, au début de l’année scolaire, en septembre pour être plus précise (vous êtes contents de le savoir hein !). Mais je l’ai tellement aimé que je me dois de vous en parler. Sauf qu’avec ma mémoire de poisson (et vraiment), ce ne sera pas super précis et fournis #sorrynotsorry.

Bon d’abord, rien que la façon dont a choisi d’écrire l’autrice est tout bonnement sublime et parfait pour le récit. Le livre est écrit en vers libre et je l’ai vraiment vécu comme une expérience à part entière. Comme vous avez pu le voir dans le résumé de la quatrième de couverture, les phrases sont découpées avec des retours à la ligne très régulièrement et des bouts de phrases à différents endroits de la page. C’est un style d’écriture qui rend la lecture très dynamique et y apporte un gros plus. Je lisais d’ailleurs en fonction des vers, je m’arrêtais à chaque retour à la ligne, je suivais l’écriture. C’était très perturbant mais aussi très agréable, et j’ai vraiment adoré, je pense vraiment réitérer l’expérience !
Ajouté à cette écriture splendide, la façon dont les chapitres sont annoncés est aussi particulière. Ce ne sont pas les chapitres que l’on voit habituellement, toutes les 10-20 pages environ. Non ce sont des titres toujours aussi poétiques, relativement courts, et qui n’embarquent avec eux qu’une ou deux pages maximum.
Je ne sais pas comment vous en dire plus, la mise en page est vraiment spéciale, et ça donne un charme tellement fou au bouquin (en plus de la couverture sublime aussi, aussi bien en français que dans sa version originale) !!

Passons maintenant aux personnages. Nous avons dans ce récit des personnages tous plus atypiques et différents les uns des autres. Je ne sais pas si j’ai envie de commencer par les deux personnages principaux ou par ceux qui sont plus en retraits mais qui font également tellement à l’histoire !
Je préfère finir par le meilleur donc je commence par les personnages secondaires.
Je dirais qu’il y a 3 groupes de personnages secondaires différents.
Tout d’abord la famille, qui est composée des deux sœurs siamoises mais également des parents, ainsi que de la petite sœur et de la grand-mère. Cette dernière n’est pas très présente, elle apparaît seulement de temps en temps, pour émettre des réflexions plutôt drôles et qui nous fait la trouver tout juste mignonne. Les parents quant à eux, sont bien présents mais pas au point de s’y attacher. Ils se préoccupent de la condition de leurs filles tant bien que mal, surtout la mère. Le père est, lui, alcoolique depuis qu’il a perdu son boulot, et sombre peu à peu dans la déprime, sans se soucier tant que ça de sa famille. Quant à la jeune sœur, Dragon, elle soutient beaucoup ses deux sœurs mais leur en veut également de ne pas être comme les autres et avec ça, de ne pas la laisser avoir une vie « normale » elle non plus. Elle est très attachante, d’un côté pour son amour pour ses sœurs et en même temps, parce qu’on essaye de comprendre les conséquences de la particularité de ses sœurs qu’elle subit. Ensuite, j’aurais voulu vous parler d’un deuxième lot de personnages secondaires, mais malheureusement, ils n’apparaissent pas tout de suite dans le roman et j’aurais peur de vous spoiler. {SPOILER ALERT, sélectionnez le texte qui suit pour le voir} *En fait, il s’agit de la journaliste, accompagnée de ses deux (il me semble) acolytes et assistants techniques, qui sont présents dans le récit, afin de réaliser un reportage sur le quotidien des sœurs siamoises et comment elle le vive. Ce sont des personnages, notamment la journaliste, puisque les deux autres ne sont vraiment pas importants dans l’histoire et ils ne sont que rarement mentionné, que j’ai tout d’abord détesté pour sa curiosité malsaine et répugnante, mais que j’ai ensuite su apprécier pour sa compassion pour Tippi et Grace. Elle finit par s’y attacher d’une certaine façon, si on peut le dire, et par leur rendre leur juste valeur à travers ce documentaire.*
Et puis le dernier groupe, celui que j’ai sûrement le plus apprécié des trois, est celui des amis des sœurs jumelles, ceux qu’elles se sont faits malgré leur différence et la réticence de tous leurs autres camarades du lycée. Ils les acceptent et les aiment malgré tout, et c’est beau. Pourtant, on ne peut que se sentir attristé de voir que c’est si exceptionnel, que les deux jeunes femmes ne sont pas appréciées à leur juste valeur, mais ne sont que jugées et épiées par les gens qui les entourent. Et malheureusement, cela reflète bien trop la réalité… Ces deux personnages ont chacun leur propre caractère, bien trempé pour Yasmeen et doux pour Jon, et je les ai adorés pour ça, pour leur personnalité et ce qu’ils apportent à l’histoire.

J’ai été, au cours de ma lecture, traversée par de multiples et diverses émotions. C’est une histoire si belle et émouvante, qui nous permet de nous ouvrir sur la différence, et apprendre à l’apprivoiser et à ne pas en avoir peur, car le contraire ne sert personne, sauf blesser et faire des erreurs.
Par certains aspects, elle m’a fait penser à Forbidden de Tabitha Suzuma, notamment pour cette différence. Mais qui au final est présente en chacun de nous.  
Le roman est également et surtout axé sur l’amour à l’intérieur d’une famile, comme celui-ci peut être important, et sur la fraternité, qui est plus qu’important ici, car c’est ce qui soutient les deux jeunes filles.


Je crois que je n’ai jamais lu un livre aussi bouleversant, sur ces sujets. Alors si je ne pouvais faire qu’une chose, là-tout-de-suite-maintenant, et c’est un peu le but de ces chroniques, c’est de vous inciter à lire ce livre. Il ne pourra que vous faire du bien, et pourquoi pas vous empêcher de faire du mal autour de vous, et dans le meilleur cas, peut-être faire du bien, et ouvrir l’esprit des autres à votre tour.


UN LIVRE PLEINS D’ÉMOTIONS, UNE ODE A LA TOLÉRANCE ET A L'ACCEPTATION DE LA DIFFÉRENCE !

MA NOTE

Une belle NACRE, pour un livre qui restera gravé pour un bon moment dans ma tête et dans mon petit cœur !

Et non, plus de note maintenant… Je trouve ça trop scolaire, j’ai donc décidé de faire comme sur Booknode et de placer les livres que je lis dans des listes d’appréciation en fonction du degré d’amour que j’ai pour le livre en question (ou pas d’amour d’ailleurs) !
J'ai donc décidé de donner des noms de pierres à ces listes : 
NACRE - coup de cœur absolu 
LAPIS LAZULI - adoré
JASPE VERT - bien aimé
CORNALINE - vraiment bof bof
CORBEILLE - détesté


*Vous allez vous dire que c'est parce que c'est Clémentine Beauvais que j'informe du traducteur sur cet article. Mais non. J'ai décidé, depuis récemment et notamment avec ce bouquin, que je porterais plus d'importance aux traducteurs. Parce que même si c'est l'auteur qui écrit l'histoire et invente l'univers au départ, si le récit est lu dans une langue traduite, le traducteur apporte une grande importance à ce qu'on lit, c'est lui qui retranscrit l'écriture de l'auteur et avec ça, les émotions, la beauté des phrases et tout ce qui peut se ressentir de mots lus. Et ça peut-être en partie grâce ou à cause de ce qu'il retransmet qu'on aime ou pas un livre.